Des Val-de-Marnais dans la guerre : une campagne de collecte de témoignages menée par les Archives départementales du Val-de-Marne
Ce dossier présente une sélection de témoignages issue d’une collecte plus large menée de 2004 à 2007. S’appuyant sur un panel de témoins aux profils variés, elle reflète une partie de la diversité des situations existantes à cette période troublée.
Engagée dans une période de commémoration, la collecte a associé plusieurs partenaires (service départemental de l’Office national des anciens combattants, associations d’anciens combattants et bien sûr Musée de la Résistance Nationale), notamment pour la constitution du corpus.
Privilégiant au départ les résistants présents sur le territoire de l’actuel Val-de-Marne pendant la guerre, le corpus a été étoffé pour intégrer des personnes installées sur le département après la guerre ou ne s’étant pas engagé dans la Résistance. Ainsi constitué, le corpus montre la diversité des engagements et des épreuves subies par la population. Ont été intégrés des Français libres, des déportés, des travailleurs partis dans le cadre du STO (Service du travail obligatoire), des travailleurs requis, des juifs déportés, des enfants juifs cachés, internés et déportés, des Justes parmi les nations, des évadés par l’Espagne…
Basés sur des grilles de questions, les entretiens ont pourtant été menés de façon semi-directives pour permettre à chaque témoin de poser sa parole et de digresser sur la période. La vie et les sentiments de ces gens jeunes voire enfants à l’époque affleurent ainsi au fil des anecdotes.
Cette campagne a permis de fixer la parole de témoins divers. Tous se sentent une obligation morale à parler, à transmettre aux plus jeunes l’expérience de ce qu’ils ont vécu. Certains n’avaient pas témoigné auparavant mais sortent de l’oubli : les enfants cachés par exemple qui parlent dans le souci du devoir, pour témoigner du sort de leurs proches disparus en déportation et profiter de cette occasion pour mener des recherches sur leur propre passé… D’autres, déjà impliqués dans des associations d’anciens combattants et d’actions de mémoire, voient dans cet exercice le prolongement de leurs propres activités mémorielles comme leurs activités dans les collèges et les lycées.
Bien sûr des paroles sont hésitantes, des dates erronées, des noms imprécis, des reconstructions mentales inévitables, soixante ans après les faits. Mais ces témoignages concourent à un portrait varié et nuancé de la période de l’occupation en évoquant dans le détail les moyens de résistance mis en action, l’expérience de la guerre et de la déportation. Comme toute source d’archives, ces témoignages doivent être mis en relation avec d’autres sources et soumis au travail de critique inhérent au travail historique. Mais l’écoute de l’un d’entre eux suffit à convaincre l’auditeur qu’ils permettent de comprendre comment cette période a été vécue par une population.